Pas si extraordinaire

J'ai attendu devant le bar. Il y avait un attroupement. J'ai engagé la conversation avec deux Cubains. Luis, et Andreas Ramirez. L'une chanteuse, l'autre bassiste.
Alisson n'arrivait pas. Elle a fini par m'envoyer un SMS pour me dire qu'elle était à la sortie du métro, qu'elle m'y attendait. Je l'ai rappelée pour lui articuler syllabe par syllabe le premier SMS que je lui avais envoyé pour lui détailler l'adresse et l'accès à ce bar. J'aurais pu aussi ignorer son SMS et attendre qu'elle m'appelle ou qu'elle se démerde. Je suis trop gentille. Ou je n'avais pas envie de rester seule.

L'intérieur du bar était plein comme un oeuf, sauf une pièce qui semblait réservée à des artistes sur le point de faire une performance : deux hommes déguisés en toréadors attendaient là.
Après avoir tenté une exploration de la cave, remplie de gens massés tels des sardines dans une boîte avant ouverture, nous nous sommes permises de nous installer dans la pièce pacifique, havre de paix dans lequel peu à peu d'autres personnes nous ont suivies.
Absorbées dans notre conversation et dans notre tâche consistant à vider nos verres gratuits, nous avons assisté à l'arrivée de deux danseuses brésiliennes emplumées de vert qui m'ont tout de suite saisie et ont commencé à diffuser chez moi une impression de perplexité.

Ces statures gigantesques, cette chair à la fois épaisse et vaguement sèche... Puis, lorsqu'elles se sont éloignées, ces tailles et ces hanches absentes, ces fesses ramassées...
Alisson s'est exclamée qu'elles avaient des fesses exceptionnelles.

J'ai répondu que c'étaient ni plus ni moins des fesses d'hommes.