Les ignobles du passé

Un faisceau d'indices, un ensemble de souvenirs me sont revenus. J'ai compris que pendant des mois entre 2007 et 2010, au moins deux collègues s'attribuaient officiellement des heures de travail que j'avais effectuées en falsifiant les rapports d'activité journaliers. Moi, trop occupée à trimer, me refusant à passer du temps à vérifier qu'on n'était pas en train de m'enculer, ne serait-ce qu'en regardant les propriétés des fichiers Excel dans lesquels chacun devait enregistrer tous les jours les comptes du travail effectué. Il m'aurait suffi de vérifier si les fichiers avaient été modifiés par quelqu'un d'autre. D'imprimer chaque jour la feuille remplie pour pouvoir en garder une trace. Vivement que le temps passe là-dessus.
Comment ai-je pu m'échiner à ne pas vouloir voir cela, malgré tous les indices qui m'avaient été donnés, y compris par les intéressées qui se moquaient de moi ouvertement devant moi. Une fois, l'une m'a dit en se sentant les doigts: "J'ai les doigts qui sentent l'oignon et je n'ai pas coupé d'oignons!", avec sa voix nasillarde immonde. Un autre jour, l'autre a dit en entrant dans la cabine de travail où je me trouvais avec l'une: "On rentre comme dans un moulin ici!". Pétasse 1 verrouillait ses fichiers, elle. Une fois elle m'a engueulée parce que je lui posais une question en disant que je n'avais qu'à chercher l'information moi-même. Trois jours plus tard elle me posait le même genre de question et je faisais la recherche sous ses yeux et lui répondais courtoisement.